Edito
En 2025, les Crous fêteront leurs 70 ans.
Ils auront connu et assumé l’explosion démographique des étudiants en France et l’internationalisation de l’enseignement supérieur. Ils auront bâti, décennie après décennie, les résidences et restaurants universitaires qui maillent aujourd’hui l’hexagone et les territoires ultra-marins et ce grâce à des agents animés par le sens du service public et leur engagement auprès des étudiants.
Ils auront traversé bien des crises, forts d’un soutien réaffirmé de l’État.
Lorsque la pandémie a frappé le monde entier et confiné même les plus jeunes, leurs lieux sont restés ouverts. Alors que cette crise sanitaire percutait les étudiants privant ces derniers à la fois de liens sociaux mais aussi des emplois nécessaires à leur autonomie, les Crous ont renforcé encore leur capacité de solidarité. Ils ont recruté des étudiants référents dans les résidences, multiplié les actions d’aide et de secours en lien avec les associations locales et se sont mobilisés pour proposer, le plus rapidement possible, un repas à 1 €, à un maximum d’étudiants.
Si la crise du covid-19 est derrière nous, la précarité étudiante reste pour autant d’une acuité vive dans le paysage de l’enseignement supérieur français. Le réseau des Crous continue de poursuivre sa mission d’accompagnement sociale qui doit rester au coeur de la stratégie de ses 26 établissements, pilotés et soutenus par le Cnous.
Bénédicte Durand, Présidente du Cnous
Introduction
Les Crous restent et resteront indispensables à leurs usagers et à la mise en oeuvre par l’état de ses politiques prioritaires.
Pour les 175 000 étudiants logés, pour les 2,9 millions d’étudiants auxquels nous ouvrons chaque année nos restaurants universitaires et nos cafétérias, pour les étudiants qui rejoindront demain nos restaurants agréés ou bénéficieront de la carte aide à la restauration, pour les 800 000 boursiers sur critères sociaux, pour les 55 000 étudiants internationaux hébergés et soutenus chaque année, le réseau des Crous et ses 15 000 agents apportent un service public essentiel.
En offrant des conditions de poursuite d’un projet d’étude supérieure aux jeunes bacheliers les moins favorisés, en permettant la rencontre de tous les étudiants dans ses restaurants, dans ses lieux de vie et dans tous ses campus, les Crous soutiennent en effet chaque génération qui avance dans sa vie d’adulte.
Le réseau des Crous assure ainsi pleinement ses multiples missions de service public. Véritable bouclier social, il constitue un instrument efficace d’égalité des chances dans l’enseignement supérieur.
À la veille de ce 70eme anniversaire, les défis sont encore nombreux :
- Évolution des dispositifs d’aides financières aux étudiants ;
- Participation à l’objectif des 35 000 logements étudiants supplémentaires fixé par l’État ;
- Finalisation de la rénovation de 12 000 logements ;
- Mise en oeuvre de la loi Lévi ;
- Concours à l’amélioration de la qualité de vie étudiante grâce à la contribution de vie et étudiante et de campus (CVEC) ;
- Accélération de la transition écologique.
Ces défis dessinent pour chacun des Crous un plan de charge clair.
Pourtant, chacun d’entre eux doit atteindre ses objectifs dans le cadre d’un modèle économique que la crise sanitaire, suivie de l’inflation, ont fragilisé, et cela dans un environnement socio-économique plus ou moins favorable selon les régions. Le marché local immobilier, la tension sur le foncier, le degré de précarité des étudiants, mais aussi le soutien plus ou moins engagé des collectivités territoriales, la qualité des relations avec les universités et l’ensemble de l’écosystème local d’enseignement supérieur, sont autant de paramètres qui caractérisent l’environnement de chacun des 26 établissements de manière différente et conditionnent leur capacité d’action.
Par ailleurs, la vie étudiante est une politique publique partagée par de nombreux acteurs, au coeur de laquelle s’exprime le projet de chaque établissement d’enseignement supérieur dans le cadre de son autonomie.
Le Cnous doit veiller à la prise en compte précise de cette réalité à la fois composite et spécifique afin de garantir un service public universel.
Avec notamment l’objectif de répondre au mieux à la mission centrale qui est la sienne de pilotage budgétaire et d’allocation des moyens dans une démarche d’équité entre les établissements, le Cnous doit consolider sa capacité d’analyse mais aussi la transparence et la qualité du dialogue stratégique et de gestion qu’il entretient avec les Crous. Il doit donc renforcer son appui aux Crous, en lien avec les acteurs territoriaux : les services déconcentrés de l’État, au premier rang desquels les rectorats, chargés d’une mission partagée de garantie du service public sur tout le territoire, mais aussi les collectivités territoriales et le réseau associatif local qui sont devenus des acteurs incontournables de la vie étudiante. En cela, le Cnous est, lui aussi, un acteur de territoire. Son intervention et son soutien aux Crous, dans le cadre d’objectifs partagés et d’engagements réciproques pour leur mise en oeuvre, doit participer à la coalition des acteurs locaux, soutenir une stratégie cohérente et une action complémentaire de chacune des parties prenantes.
Au moment où nos concitoyens s’interrogent sur l’efficacité de l’action de l’État et s’inquiètent au sujet de la qualité des services publics et de leur soutenabilité, la responsabilité du Cnous est de se placer au coeur du réseau, dans chaque territoire en soutien d’une stratégie propre à chaque Crous, chacune participant à la garantie d’un service public national dont le Cnous, sous couvert du MESR, est le garant.
Au plus près des besoins des bassins de vie étudiante, dans un contexte de financement public exigeant et à l’heure où il est demandé aux Crous d’accroître encore leur activité de restauration et d’hébergement, le modèle doit se réinventer pour répondre à la nécessité d’un soutien élargi aux étudiantes et aux étudiants. Une attention particulière doit être portée aux services étudiants dans les villes d’équilibre, à la situation des Crous des départements et territoires d’Outre-mer, ainsi qu’aux Crous dont les enjeux sociaux et démographiques sont les plus aigus, en particulier en Île-de-France.
Le socle d’une régénération nécessaire du réseau des Crous repose sur plusieurs niveaux d’actions : l’optimisation des moyens, la recherche de ressources humaines et financières complémentaires, propres et pérennes ; la recherche d’approvisionnements toujours plus vertueux pour notre écosystème, le choix de la sobriété et l’engagement résolu dans la transition écologique ; la sérénité et la fierté d’une communauté professionnelle très attachée à la qualité du service rendu, dans une démarche d’amélioration continue, mais aux statuts très divers et à la très grande hétérogénéité des situations professionnelles ; et enfin, la garantie d’un service aux étudiants plus équitable et élargi. La capacité du Cnous et des Crous à tracer le chemin de leur propre réinvention est aujourd’hui nécessaire à la durabilité d’une institution placée, par ses missions mêmes au service de la jeunesse, aux avant-postes des enjeux sociaux et environnementaux contemporains.
La transparence d’une feuille de route commune aux 26 Crous, partagée par l’ensemble des parties-prenantes, en cohérence avec le futur contrat d’objectif et de performance du Cnous est la garantie d’un portage fort et soutenable par le ministère de l’enseignement supérieur.
Conformément aux objectifs fixés par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le Cnous, dans le cadre du décret de 2016 régissant son action et dans le renforcement de ses partenariats locaux et nationaux, s’engage à déployer avec les Crous sept grands chantiers au sein de son projet de réseau, dont les termes ont vocation à être approuvés par son conseil d’administration (CA) et à faire l’objet d’une information systématique des CA des Crous.
La stratégie nationale de transition écologique du réseau, adoptée en 2023, sera par ailleurs déclinée de manière systématique sur chacun des axes du projet de réseau.
Afin de garantir une mise en oeuvre efficace et partagée, les axes de ce projet co-porté par les 26 Crous seront animés par des comités de pilotage opérationnels encadrés par les membres de la direction du Cnous et associant les directrices générales et directeurs généraux des Crous, les représentants syndicaux et élus étudiants et une personnalité qualifiée. Soutenant le contrat d’objectif et de performance entre le ministère et le réseau, les dialogues stratégiques de gestion entre le Cnous et les Crous formaliseront les engagements pris dans le cadre du projet de réseau.